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Giampaolo Amoruso 

Un regard sur l’humanité   


Au fil des 45 dernières années, le style Amoruso, plein d’humour et de poésie, s’est confirmé et a parcouru le monde alors que rien ne prédestinait Giampaolo Amoruso à cet univers. 

Aux origines mêlées entre Nord et Sud, entre Belgique et Sicile, Giampaolo  découvre le verre bien jeune. Non pas en tant qu’artiste, mais simplement parce que sa famille était installée près des cristalleries à Boussu (Belgique). Il y trouve un travail à l’âge de 15 ans et se met à souffler le verre. Il aurait pu rester dans l’excellence technique, dans la fabrication et l’utilitaire, mais là encore, la vie en décide autrement.

Dans les années 1980, l’art du verre contemporain est en pleine évolution. Un groupe éphémère appelé L’Anverre marque la scène belge avec des œuvres d’artistes aux origines diverses comme Edward Leibovitz, Jiri Suhajek ou encore Jean-Pierre Umbdenstock. Tous utilisent le verre, l’explorent sous différentes facettes pour le transformer en œuvre d’art aux formes étonnantes. Ils revendiquent une autre dimension à leur art et l’intègrent à d’autres expressions artistiques. Des galeries spécialisées se développent à Bruxelles comme la Galerie Transparence ou le Cheval de Verre. Les musées de Charleroi et de Liège enrichissent leurs collections avec le «verre contemporain». 

C’est dans cet environnement dynamique et passionné que Giampaolo Amoruso évolue, tout en comprenant que son gagne-pain des débuts peut lui donner les moyens de s’exprimer bien différemment. Des rencontres fortes lui donnent la possibilité de quitter les consignes contrariantes de la production. Claude Laurent lui ouvre la voie de la création. Avec Jean-Pierre Umbdenstock, il tisse des liens d’amitié si forts que jamais ils ne cèderont. Tous deux font évoluer la créativité et poussent le verre à bout, chacun dans son style: ils ont osé. 

L’année 1988 marque la fermeture définitive des Verreries de Boussu où Giampaolo Amoruso a fait son apprentissage pendant une dizaine d’années. Il a profité de cette période pour suivre une formation artistique en cours du soir, pour participer à des concours avec ses premières sculptures et pour s’insérer peu à peu dans le cercle des artistes belges. C’est ainsi qu’il crée son premier atelier à Boussu en 1992, avant de déménager à Deerlijk en 1996. Il décide de déployer le fruit de son imagination en toute liberté, de s’amuser, de conjuguer la créativité et la technique. 

En 1993 il rencontre l’artiste belge José Vermeersch (1922-1997), connu pour ses personnages en terre cuite qu’il rendait si vivants. De cette rencontre naissent quelques figures en verre, un mélange de techniques de deux artistes figuratifs. Mais Giampaolo Amoruso est un solitaire, il préfère son atelier où il crée sa famille qui ne fait aucun bruit. Il allie sa perspicacité technique étonnante à son besoin de recherche tourné vers l’introspection, il choisit de raconter des histoires. 

Quand on parle d’un artiste, on se sent obligé d’établir clairement les phases de son évolution. Celle qui nous intéresse aujourd’hui, c’est celle de la liberté. Amoruso a commencé avec ses Bonhommes de la Lune qui évoquent la poésie, illustrent le triomphe de la création et la richesse de la matière. Après la beauté poétique est venue celle du for intérieur. L’énigme s’installe avec des grandes têtes aux petits yeux perspicaces qui interrogent. L’artiste finit par modeler le corps, nu d’abord, puis peint de couleurs vives, habillé de casquette et pantalon. Les bonhommes rigolos deviennent sérieux, silencieux, parfois surmontés d’ornements ou enfermés dans des globes qui protègent et expriment la fragilité. Qu’ils soient debout ou assis, les personnages sont vrais, éloquents, étonnés et étonnants, fiers de leur corps. Des groupes se forment d’hommes redressés, avec des attributs: certains parlent, d’autres écoutent. Les sculptures d’Amoruso ne nous laissent pas indifférents: elles suscitent des sentiments profonds pour la simple et bonne raison qu’elles agissent comme un miroir qui nous est tendu.

 Anne Vanlatum


A look at humanity   


Over the past 45 years, the Amoruso style, full of humor and poetry, has been confirmed and traveled the world, even though nothing predestined Giampaolo Amoruso for this universe. 

With origins mixed between North and South, Belgium and Sicily, Giampaolo discovered glass at a very young age. Not as an artist, but simply because his family lived near the crystal glassworks in Boussu (Belgium). He found a job there at the age of 15 and began blowing glass. He could have stayed with technical excellence, manufacturing and utility, but life decided otherwise.

In the 1980s, contemporary glass art was evolving rapidly. A short-lived group called L'Anverre made its mark on the Belgian scene with works by artists of diverse origins such as Edward Leibovitz, Jiri Suhajek and Jean-Pierre Umbdenstock. All use glass, exploring its many facets and transforming it into works of art with astonishing forms. They claim another dimension to their art and integrate it with other artistic expressions. Specialized galleries are springing up in Brussels, such as Galerie Transparence and Cheval de Verre. Museums in Charleroi and Liège are enriching their collections with "contemporary glass". 

It was in this dynamic and passionate environment that Giampaolo Amoruso evolved, while understanding that his early livelihood could give him the means to express himself in a very different way. A series of powerful encounters gave him the opportunity to leave behind the frustrating demands of production. Claude Laurent opened the way to creation. His friendship with Jean-Pierre Umbdenstock was so strong that they never gave up. They both developed creativity and pushed glass to its limits, each in his own style: they dared. 

1988 marked the definitive closure of Verreries de Boussu, where Giampaolo Amoruso had apprenticed for some ten years. He took advantage of this period to attend evening art classes, to take part in competitions with his first sculptures and to gradually insert himself into the circle of Belgian artists. He set up his first studio in Boussu in 1992, before moving to Deerlijk in 1996. He decided to let his imagination run wild, to have fun, and to combine creativity and technique. 

In 1993, he met Belgian artist José Vermeersch (1922-1997), known for his lively terracotta figures. This encounter gave rise to a number of glass figures, a blend of the techniques of two figurative artists. But Giampaolo Amoruso was a recluse, preferring his studio where he created his quiet family. He combines his astonishing technical acumen with his need for introspective research, choosing to tell stories. 

When we talk about an artist, we feel obliged to clearly establish the phases of his evolution. The one we're interested in today is that of freedom. Amoruso began with his Bonhommes de la Lune, which evoke poetry, illustrate the triumph of creation and the richness of matter. After poetic beauty came inner beauty. The enigma sets in with large heads with small, perceptive eyes that ask questions. The artist ends up modeling the body, first naked, then painted in bright colors, dressed in cap and pants. The funny men become serious, silent, sometimes topped with ornaments or enclosed in globes that protect and express fragility. Whether standing or sitting, the figures are real, eloquent, astonished and astonishing, proud of their bodies. Groups form of upright men, with attributes: some speak, others listen. Amoruso's sculptures do not leave us indifferent: they arouse deep feelings for the simple reason that they act like a mirror held up to us.

 Anne Vanlatum